Le Martyre de Saint Symphorien

Jean-Auguste-Dominique Ingres

Ce tableau a été réalisé en 1834, suite à une commande d’État à la demande de Monseigneur de Vichy. De grandes dimensions (4m x 3,40m), Le Martyre de Saint Symphorien est le résultat d’un long travail préparatoire dont on conserve plus de deux cents dessins préliminaires. L’iconographie a été dictée par Monseigneur de Vichy et représente un Saint local : Symphorien d’Autun, condamné à mort autour de 179 pour s’être moqué d’une procession païenne, décapité devant sa mère hors des murs de la ville.

La réflectographie infrarouge nous permet d’étudier le dessin préparatoire réalisé par l’artiste avec une technique sèche. Malgré l’absence de grille de report, il semble probable, étant donné les dimensions de l’œuvre, la complexité de la composition et le nombre d’esquisses préparatoires, qu’Ingres ait utilisé une technique de transfert, comme un papier calque.

Réflectographie infrarouge avec relevés / ©RES

Si le contour général est assez précis, de nombreux pentimenti sont visibles, notamment des changements dans la position des mains, des pieds, des bras et même des visages de certains personnages. Il est intéressant de noter que l’artiste a également noté des indications de couleur, comme le mot « jaune » sur le voile de la mère.

L’artiste a également utilisé des outils de traçage tels qu’un compas ou une règle pour l’architecture, les lances des soldats et l’auréole du saint.

La réflectographie met également en évidence la construction du tableau. On remarque qu’Ingres peint toute la structure avant de peindre la mise en place finale. Par exemple, concernant les vêtements de Symphorien, la robe est peinte entièrement avant d’être recouverte par le drapé de la tunique. De même, l’architecture des remparts est peinte avant la tour.

L’imagerie infrarouge en fausse couleur nous apporte des informations supplémentaires : chaque pigment est représenté par une coloration particulière qui dépend de l’interaction avec le rayonnement infrarouge, affinant ainsi notre connaissance de la technique du peintre. On constate que le ciel, ainsi que la tunique du soldat tenant le signum, sont composés d’une base d’azurite avec des reflets de lapis-lazuli. Les rouges (apparaissant jaunes en fausse couleur) sont réalisés avec du vermillon. Le manteau vert du soldat portant le fascio est un pigment à base de cuivre (bleu en fausse couleur) ; les autres verts apparaissent roses, c’est-à-dire un mélange de bleu (lapis-lazuli ?) avec un jaune (plomb et étain ?). Pour le reste de la composition, la palette est réduite aux terres, aux ocres, au blanc de plomb et au noir de carbone.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, The Martyrdom of Saint Symphorien, 1834, huile sur toile, Cathédrale Saint-Lazare d’Autun.